De Dion Bouton 20/30 HP (1912)

Publié le par Boris Bourget

De Dion Bouton  20/30HP

    France 

Du grand luxe en moyenne série

 
 
 
FICHE TECHNIQUE
Marque: De Dion Bouton Allumage: Magnéto
Type: 20/30 HP Transmission: 4 rapports + marche arrière
Moteur: 8 cylindres en V Pneumatiques: 880 x 120
Cylindrée: 6300 cm³ Empattement: 327 cm
Alésage x course: 100 x 140 mm Voie AV / AR: 140 cm / 140 cm
Puissance: 30 ch Longueur: 444 cm
Alimentation: 1 carburateur Poids: 2 tonnes
Distribution: Soupapes latérales Vitesse maxi 80 km/h
 
  SON PRIX EN 1912

La De Dion Bouton 20 HP Type DM était au prix de 11 500 francs en châssis nu.

Il fallait compter 2 400 francs de plus pour une carrosserie Torpédo, 4 600 francs pour une carrosserie Limousine de luxe et autant pour une carrosserie de type Landaulet. De nombreux accessoires étaient également disponibles, certains surprenants comme:

l'éclairage électrique intérieur (125 francs)

le jeu de plaques de police (10 francs)

le double pare-brise (240 francs).

 

A une époque où l'automobile a moins de 20 ans, la firme De Dion Bouton, créée à la fin du 19éme siècle, fait figure l'ancienne.

Elle propose, à la veille du premier conflit mondial, une voiture de luxe à moteur V8 de série : la Dion Bouton 20/30 HP.

 

On ne peut évoquer la firme De Dion Bouton sans dire un mot des personnalités très fortes que furent le marquis de Dion et Georges Bouton. Ces deux hommes, que tout opposait le rang social (De Dion était noble, Bouton  roturier), si important l'époque la fortune, l'éducation et même la stature (De Dion était grand, Bouton était petit) se réunirent pour créer l'une des marques françaises les plus en avance sur son temps.

UNE ASSOCIATION EXPLOSIVE !

Parce qu'un jour de 1883, de Dion, avait reçu en cadeau une petite machine à vapeur modèle réduit, si bien faite qu'il voulait connaître l'artisan qui en était l'auteur, il entra dans le modeste local de Bouton et Trépardoux, rue de la Chapelle, à Paris. C'est de cette rencontre, à laquelle assistait Trépardoux, le beau-frère de Bouton, associé aux débuts de l'aventure, que date la naissance de la firme.

De Dion, qui voulait créer une voiture portant son nom, venait de trouver celui avec qui il allait mettre au point un moteur à vapeur. Les trois associés l'installèrent rue Pergolèse, près de la porte Maillot, un quartier qui deviendra celui de l'automobile. Mais, en 1912, on est bien loin de l'idée de départ. La vapeur a cédé le pas au moteur à combustion interne. De Dion et Bouton, qui ont laissé en chemin le beau-frère Trépardoux, farouche partisan de la vapeur, ont inventé de nombreux moteurs. Qui se souvient encore que c'est un moteur De Dion qui équipa la première Harley Davidson? Qui se souvient que ce sont les deux associés qui réalisèrent les premiers moteurs à huit cylindres en V produits industriellement à grande échelle? C'est précisément ce moteur qui équipe le modèle 20/30 HP qui nous intéresse.

 

Les De Dion Bouton des années d'immédiat avant-guerre étaient des voitures luxueuses que les clients pouvaient acheter en une dizaine de carrosseries différentes et de nombreuses motorisations.

UNE GROSSE BERLINE FIABLE

Il s'agit d'une voiture de luxe, l'une  des premières à être construite en série. L'origine du modèle remonte à 1910. Quand on ouvre le catalogue De Dion de cette année-là, on peut lire , à la suite du nom de la société, " voitures de ville et de tourisme " ; la 20/30 HP fait partie de la seconde catégorie : c'est une grosse berline de voyage. Il faut compter deux mois après la commande pour prendre livraison de sa De Dion, payable au comptant en francs or et garantie un an. Bien évidemment, elle est pourvue d'un pont De Dion, inventé par nos deux compères au début du siècle et encore moderne aujourd'hui. L'accent est mis sur la facilité de conduite et d'entretien, et les De Dion de cette époque ont une réputation de fiabilité bien établie. Le moteur V8 de la 20/30 HP a une ouverture de 90°, et tous les cylindres sont borgnes, c'est-à-dire sans culasse détachable : les deux rangées de quatre cylindres s'enlèvent d'un seul bloc. Les soupapes sont latérales, action- nées par un arbre à cames, situé au centre du V formé par les cylindres. Signalons que deux autres puissances sont également disponibles sur la limousine équipée d'un V8 : 16/22 et 32/50 HP.

 

LE CHOIX DE L'HABILLAGE

Pour bien se rendre compte de l'imposante stature d'une De Dion V8 de 1912, imaginons une carrosserie longue de près de cinq mètres, et pesant, selon le modèle, entre deux et trois tonnes. Des carrosseries d'ailleurs proposées par De Dion, mais pas imposées. Chaque client peut acheter simplement le châssis et le faire " habiller " chez un carrossier de son choix. Ils ne manquent pas à cette époque ; Letourneur et Marchand ainsi que Labourdette étant parmi les plus grands. Cette année-là, un châssis équipé du moteur V8 coûte 10 000 francs tout juste, et si le client désire une carrosserie De Dion, il doit débourser la somme supplémentaire de 4 500 francs. Le prix du luxe en somme.

 

DE DION ET L'ACF

Le comte de Dion - il ne devint marquis qu'à la mort de son père - fit partie de la poignée d'enthousiastes qui créèrent le célèbre Automobile Club de France. Cette association, qui a toujours son siège place de la Concorde à Paris, fut en effet imaginée par Albert de Dion, le baron de Zuylen de Nyevelt et le journaliste Paul Meyan.

 

LES USINES

Majestueuses, les usines De Dion Bouton étaient situées à Puteaux, au 36 Quai National, tout près des usines automobiles SARA et Unic et employaient 3 000 personnes. Un peu plus au nord, à Suresnes, on trouvait les usines Talbot, ainsi que les ateliers des Importateurs Saurer et Fiat. Quant au magasin d'exposition de Dion Bouton, il se trouvait en plein coeur du " quartier de l'automobile ", au 77 avenue de la Grande Armée, à Paris dans le 17e arrondissement.

 

UN SUCCÈS MONDIAL

Il sera vendu un nombre important - pour l'époque - de ces grosses limousiner De Dion à moteur V8. Elles seront exportées dans le monde entier, car les automobiles françaises ont une très grande renommée chez les têtes couronnées du moment. Une de ces voitures sera même inscrite à la Targa Florio en 1913 et en 1914, et son meilleur résultat sera 4e en 1913.

Notons que la fabrication du modèle V8 se terminera en 1923, et que, en proie à des difficultés, la firme De Dion Bouton s'éteindra en 1932.

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