Peugeot 203 (1948)

Publié le par Boris Bourget

Peugeot

203    France      

L'hémisphérique de Sochaux

 
 
FICHE TECHNIQUE
Marque: Peugeot Allumage: 2 Batteries 6 Volts
Type: 203 1948 Transmission: 4 rapports
Moteur: 4 cylindres en ligne Pneumatiques: 155 x 400
Cylindrée: 1 290 cm³ Empattement: 258 cm
Alésage x course: 75   x 73   mm Voie AV / AR: 132 cm / 132 cm
Puissance: 42 ch. à 4 500 tr/min Longueur/Largeur: 435 cm /161 cm
Alimentation: 1 carburateur Sloex 32 PBIC Poids: 960 kg
Distribution: Soupapes en tête disposées en V Vitesse maxi 120 km/h
 
 

SON PRIX D'ÉPOQUE

Berline toit ouvrant (1949) : 455 000  francs

Berline Luxe (1951) : 498 000 francs.

Berllne Affaires (1951) : 455 000 francs.

Berline découvrable (1951) : 570 000 francs

Cabriolet (1952) : 825 000 francs.

Berline (1952) : 655 000 francs.

Découvrable (1952) : 750 000 francs.

Coupé (1952) : 790 000 francs.

Berline Affaires (1955): 570 000 francs.

Berline Luxe (1955) : 600 000 francs.

Berline Luxe toit ouvrant (1955) : 625 000 francs.

Cabriolet (1955) : 850 000 francs.

Familiale 6 glaces (1955) : 740 000 francs.

Commerciale 6 glaces (1955) : 710 000 francs.

Berline Luxe (1956) : 585 000 francs.

Berline Luxe toit ouvrant (1956) : 600 000 francs.

Cabriolet Grand Luxe (1956) : 840 000 francs.

Familiale 6 glaces (1956) : 725 000 francs.

Commerciale 6 glaces (1955) : 715 000 francs.

Berline (1958) : 650 000 francs.

Berline (1960) : 700 000 francs (ou 7 000 NF).

 

Lentement mais avec enthousiasme et détermination, l'industrie automobile française se remet des stigmates de la guerre.

Le 35é salon de l'automobile, qui se tient au Grand Palais à Paris, à partir de 1er octobre 1948, témoigne de ce dynamisme rassurant.

 

Les constructeurs français ne présentent pas moins de trois nouveautés d'importance lors de cette manifestation : la 2 CV Citroën, la Ford Vedette, qui malgré ses origines américaines est construite dans l'Hexagone, et enfin la seule véritable voiture française moyenne gamme de l'après-guerre, la 203 Peugeot.

PRÉVOIR L'AVENIR

Le complexe industriel du constructeur, situé à Sochaux, a été libéré le 18 novembre 1944. Il a souffert, comme l'ensemble du pays, de l'occupation des forces du IIIé Reich qui ont pillé par trains entiers les vastes insta1lations.

Mais à l'instar de ses confrères, dans le secret feutré des bureaux d'études, Jean-Pierre Peugeot, assisté de Maurice Jordan et d'Ernest Mattern, directeur des études, imaginent la paix bientôt retrouvée et les automobiles qu'il faudra alors mettre sur le marché.

Au sommet de la gamme, ils prévoient une large et luxueuse berline baptisée 802, propulsée par un V8 dont les outillages sont prêts pour une production rapide, puis une plus modeste 10 CV quatre cylindres, accompagnée d'un prototype à vocation économique 6 CV, prévu pour remplacer la 202.

Mais en janvier 1944, ce programme ambitieux a cédé la place à un plan plus réaliste, dans lequel subsiste l'étude d'une future 7 CV légère et moderne. En attendant et afin d'assurer la pérennité de ses usines et de son personne1, la marque au lion commercialise de nouveau sa série 202 d'avant-guerre.

Entre 1945 et 1949, plus de 40 000 202 sont assemblées et, à l'occasion du Salon de Paris 1947, le modèle acquiert un système de suspension remanié ainsi que des freins hydrauliques en remplace- ment de l'archaïque dispositif à câbles. Cette récente dotation pré- figure l'équipement choisi en faveur de la prochaine 203. En mai 1947, les premières Peugeot 203 de présérie sont présentées à la presse. Vient ensuite le "show" officiel du Salon d'octobre 1948, et les premières livraisons en janvier 1949. En avril de la même année, 100 exemplaires passent chaque jour les portes de l'usine de Sochaux.
 
MONOCOQUE ....

Les concepteurs de la 203 ont sagement rayé les lourds châssis du cahier des charges. Les lignes réconfortantes de la voiture, bi corps avant la lettre, sont rondes et douces, les ailes encore bien marquées, et ne cèdent pas à la mode naissante du ponton intégral.

L'automobile est une monocoque, sous laquelle vient se boulonner l'ensemble motopropulseur, mécanique qui présente elle-même quelques avancées techniques. Le bureau d'étude de la Garenne, en banlieue parisienne, placé sous la tutelle d'Henri Dufresne, envisage, avec tout le sérieux qui caractérise la maison, des solutions techniques diverses parfois osées.

Notamment un groupe moteur aux cylindres à plat - l'influence de la Volkswagen et de la 4 CV Renault sans aucun doute! - et un engin aux roues avant motrices. Les ingénieurs de Peugeot ont par ailleurs connaissance des travaux menés par Charles Kettering de la General Motors, qui donneront naissance aux puissants et fiables V8 super carrés, aux taux de compression élevés, qui équiperont dès 1949, la gamme Oldsmobile et Cadillac.

Finalement les concepteurs de la 7 CV Peugeot ont à la fois fait preuve de sagesse et d'une certaine audace.
 

... ET HEMISPHERIQUE

Le quatre cylindres en ligne de 42 ch. aux cotes super- carrées demeure classique- ment coulé en fonte avec chemises, le plus innovant restant la culasse conçue hémisphérique et en Alpax. Les travaux concernant cette dernière ont été placés sous l'autorité de M. Chamuzeau, qui a prévu une distribution par soupapes en tête p1acées sur deux lignes, commandées par un arbre à cames et culbuteurs, un schéma novateur qui sera repris notamment par Citroën au moment de la conception de la DS. Le circuit de graissage inclut un large filtre extérieur fixé à gauche du bloc moteur, une position qui lui permet de jouer également le rôle de radiateur.

 
UNE TRANSMISSION PERFECTIBLE

Afin de réduire la garde au sol de l'ensemble de la voiture, la 203 se dote d'un pont à vis, qui présente l'avantage d'abaisser le tunnel de l'arbre de transmission, ce qui conduit à évoquer le seul point négatif de la Peugeot, sa boîte de vitesses. Beaucoup lui reprochent le quatrième rapport surmultiplié, des " trous " à l'accélération, d'être bruyante et mal synchronisée. Les suspensions avant, de type roues indépendantes, comprennent un très classique ressort à lames transversa1, à l'arrière deux ressorts hélicoïdaux se placent de part et d'autre du pont rigide. Chose curieuse : cet ensemble moteur-boîte et suspensions n'a pas de tenue par lui-même au moment de son assemb1age à 1'usine, il est donc provisoirement consolidé d'une poutrelle, avant d'être boulonné définitivement sous la caisse. Deux batteries de 6 volts (58Ah) chacune se cachent devant le radiateur et derrière la calandre : i1 faut donc déposer cette dernière pour les atteindre.

 

NEWLOOK

Pour tracer les lignes de la 203, les stylistes de la firme au lion, MM. Bonal, Mathon et leur responsable Henry Thomas se sont largement Inspirés des formes des automobiles américaines alors très en vogue.

L'influence stylistique américaine, qui faisait autorité sur toute la production mondiale à cette époque, est incontestable. Les ailes avant longues et galbées mordant sur les portières ne sont pas sans évoquer celles des modèles Oldsmobile 1946- 1947, tandis que le dessin de la calandre en V constituée de fines barrettes chromées rappelle celui de la Hudson millésime 1940-1941 ou de la gamme Chrysler 1940-1941.

 
UNE VASTE GARDE-ROBE

Prévues dans le cadre d'une politique de modèle unique, les carrosseries de la 203 doivent se mu1tiplier impérativement pour répondre aux besoins d'une clientèle qui accueille très favorablement la nouveauté de Sochaux. La voiture, au fil des saisons, apparaît en berline type " affaires " sans toit ouvrant, en berlines découvrab1e, puis familiale et commerciale, posées sur un châssis long, et trois utilitaires, appréciés des "classes laborieuses", le fourgon tôlé, et le pick-up bâché, sans oublier une caisse ambulance. A contrario, une population haut de gamme sélectionne le joli cabriolet, ou le très rare coupé deux places. Conçue et commercialisée comme une berline familiale robuste et fiable, la 203 a néanmoins

suscité des versions spéciales nettement moins paisibles, par exemple la 203 Darl'Mat Sport .DS, produite entre 150 et 200 exemplaires. Sa carrosserie est surbaissée et sa mécanique optimisée lui autorise une vitesse maximale de 150 km/h. le quatre cylindre peut également recevoir un compresseur Constantin : la cylindrée passe alors à 1 425 cm3, la puissance grimpe à 70 ch. et la vitesse atteint des sommet: 165 km/h !

 

CE QU'EN DISAIT LA PRESSE DE L'EPOQUE

La vie automobile du 25 septembre 1947 : "Il arrive ainsi qu'avec 4 personnes à bord, et 80kg de bagages, on peut faire sur un long parcours 70 km de moyenne horaire en ne consommant que 7,5 litres d'essence aux 100 kiIomètres.''

De son côté, André Costa écrit en 1950 dans l'Auto-Journal : "Il suftit de souIigner le fait qu'il nous a été possible sans pousser la voiture à fond à aucun moment, d'accomplir une moyenne de 102,120 km/h sur un parcours de 63 km, pour fixer très exactement la place de ce moteur de 7CV dans la hiérarchie des vaIeurs.''

 
DANS LA COURSE

Vingt-trois exemplaires de la Peugeot 203 sont Inscrits an départ du Rallye de Monte Carlo édition 1952. Cinq se classent dans les huit premiers de la série 1 500 cm3, et l'équipage De Cortanze-Crapez pilotant la numéro 7 atteint la 7é place du classement général. Lors de l'épreuve Liège-Rome-Liège de 1957, la paire Lageneste-Nicol remporte la classe des moins de 1 300 cm3. La catégorie Tourisme international jusqu'à 1 300 cm3 de l'édition 1953 des Mille Miglia est empochée par Paul Guiraud, concessionnaire Peugeot dans la vie " civile ", associé à Pierre Allanet qui, lui, assure la noble profession de journaliste !


 

 

COTE SUR LE MARCHE DE LA COLLECTION

203 Berline 1948 : de 8 000 F à 40 000 F (1 220 € à 6 100 €).

203 Berline Darl'Mat : de 60 000 F à 165 000 F (9 150 € à 25 155 €).


203 Berline découvrable : de 19 000 F à 75 000 F (2 895 € à 11430 €).

203 Coupé : de 40 000 F à 120 000 F (6 100 € à 18 295 €).

203 Cabriolet : de 50 000 F à 150 000 F (7 600 € à 22 900 €).

203 Familiale : de 5 000 F à 20 000 F

(750 € à 3 050 €)

203 Fourgonnette tôlée : de 3 500 F à 15 000F (550 € à 2 285€)

203 Camionnette Bâchée : de 3 000 F à 11 000  (457 € à 1 677 €)



 

DE LA 203 A LA 403

Alors que la 202 a tiré sa révérence depuis juillet 1949, l'arrivée en 1955 de la 403 et de ses formes car- rées condamnent à terme l'existence de la rondouillarde 203, symbole de la reprise de l'après-guerre. L'ultime 203 passe les contrôles de l'usine le 26 février 1960, elle porte le n° 708 343.
 
PRODUCTION DE 1948 A 1960

Berline (de 1948 à 1960) : 485 618 exemplaires

Berline Affaires (de 1948 à 1955) : 17 278 exemplaires

Berline découvrable (de 1948 à 1954) : 11 514 exemplaires

Cabriolet (de 1952 à 1956) : 2 567 exemplaires

Coupé (de 1952 à 1954) : 953 exemplaires

Familiale (de 1950 à 1956) : 23 642 exemplaires

Commerciale (de 1950 à 1956) : 45 961 exemplaires

Fourgonnette (de 1950 à 1959) : 31 289 exemplaires

Fourgon Tôlé (de 1951 à 1952) : 5 077 exemplaires

Plateau Cabine (de 1950 à 1957) : 10 264 exemplaires

Camionnette (de 1950 à 1957) : 63 704 exemplaires

Ambulance (de 1950 à 1957) : 1 980 exemplaires

Tour de France sans portières (en 1954) : 16 exemplaires

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